L'appel du 18 juin 1940

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Réalisation de son discours:

La veille du 18 Juin, le général Spears et Churchill prirent la décision de faire venir De Gaulle à Londres par inquiétude pour sa sécurité. C'est ainsi que le matin du 17 Juin le général prit l'avion.

Le Général rédigea son texte au matin dans le charmant appartement au 6e étage de Seymour Place en face de Hyde Park que lui a prété effectivement son chef de cabinet, Jean Laurent.

Mais il semblerait qu'il aurait écrit ses premiers mots après avoir vu Churchill dans un Pub à Londres nommé à ce jour " The French House". (Ce pub se nommait « Berlemont » et il a été renommé « French House » en 1984, pour des raisons commerciales...) Il s'y rendit afin de rencontrer Jean Monnet, chef des Services d'achats français puisque là bas s'y trouvent ses bureaux. Ensuite il téléphona à Churchill et à Paul Reynaud (qui lui se trouve à Bordeaux). Ce dernier lui avoua sa démission " Le parti de l'armistice l'emporte" dit'il. De Gaulle répondit " Ne faites surtout pas cela le Premier ministre vient de concevoir un projet d'une extrême importance, qui peut avoir des répercussions capitales immédiates" " Le Premier ministre va faire approuver ce projet dans un moment par le War Cabinet. Je vous en apporterai le texte cet après-midi même par avion. Attendez mon retour à Bordeaux pour prendre une décision."

D'autres personnages ont joué un rôle important dans cet appel. Le discours du 18 juin fut bel et bien écrit par De Gaulle à Londres le 17 Juin 1940 avec le soutien de son aide de camp mais a été tapé ensuite en version dactylographiée par la Secrétaire du Général: Elisabeth de Miribel . Celle ci le fit sous la demande de Courcel, un ami de longue date qui lui demanda de l'écrire précipitamment. Elle écrivait sur la machine sous les yeux du général qui prenait à peine le temps de relire. De plus la barrière de la langue n'était pas un souci alors elle le tapa en anglais.

​ <<Je n'aime pas du tout la traduction que j'en ai faite. Elle n'est pas inexacte, mais tellement plate! Elle ne garde rien de l'esprit du texte français.>> Elisabeth de Miribel.

 

​La raison d'une deuxième version:

Le cabinet britannique, réuni à 12H30 le 18 Juin, a décidé qu'il n'était pas souhaitable de diffuser son appel. Mais le Général Spears consulta individuellement les membres du cabinet et réussit à en obtenir l'accord pour cet appel sous la condition de renoncer à 2 phrases qui semblaient trop brutales. Le cabinet prit en charge de les modifier et de les diffuser.​

​De Gaulle s'est allié au gouvernement anglais afin que la France puisse continuer à lutter contre les Allemands car il refuse la défaite de la France. Le gouvernement britannique souhaite continuer la guerre donc il a fallu changer les quelques premières phrases de son discours afin de ne pas heurter le gouvernement français de Pétain qui n'a pas encore arrêté la guerre  (le jour même il demanda l'Armistice à l'ennemi.)

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Version originale: "Les chefs qui, depuis de longues années, sont à la tête des armées françaises ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant de la défaite s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat."

​Version du texte remodelé et diffusé" Le gouvernement français a demandé à l’ennemi à quelles conditions pourrait cesser le combat. Il a déclaré que, si ces conditions étaient contraires à l'honneur, la lutte devait continuer."

​Aux yeux du général De Gaulle la version originale restera la vraie.

​​​Churchill prononça à la radio un discours où il appelle son peuple à résister et prévient que la guerre continue. Ensuite, le directeur adjoint des programmes au ministère de l’Information avertit par téléphone la direction de la BBC que le Cabinet de guerre a donné le feu vert à l’émission.

​De Gaulle à son tour fit son premier appel aux environs de 22H le 18 Juin 1940 en annonçant qu'il reparlerait le lendemain à la radio de Londres, la BBC. Malheureusement l'appel ne fut pas enregistré pour les raisons suivantes: les techniciens de la BBC étaient trop occupés à préparer l'enregistrement précédent de Churchill.​

 

​Affiche placardée sur les murs de Londres en juillet:

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« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique,terrestre et aérienne de l'ennemi.Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.Cette guerre n'est pas limitée au territoire de notre malheureux pays.Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.Quoi qu'il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres. »

​​Analyse:

"Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat."​Il remet en question le gouvernement français de Pétain qui a préféré capituler avec l'ennemi pour arrêter ce combat.​ -> Ce sont les premières lignes de son discours qui sont brutal aux yeux du gouvernement de Pétain puisque ici il l'accuse de trahir.

​​Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne de l'ennemi. Il décrit ici que la France est bel et bien écrasée par l'Allemagne. "Certes" il confirme avec un connecteur logique, discours structuré. "Mécanique, terreste et aérienne" -> Accumulation qui évoque la gravité de la situation pour la France.-> La force mécanique est l'artillerie lourde, les chars, les avions... des Allemands qui possèdent de grandes industries léguées à l'armement.

​Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui. "Infiniment plus que leur nombre" -> Ils sont nombreux face aux Français. "les chars, les avions, la tactique des Allemands"-> Accumulation:montre que les Allemands possèdent de nombreuses armes sachant qu'ils restent une grande puissance économique + Répétition: Anaphore montrant à nouveau la gravité de la situation.

Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ?Tournure interrogative, question rhétorique.

​"Non !" Il y répond. Ponctuation exclamative, intonation montante exprimant une émotion. Modalisation de certitude. Il est direct, et sait ce qu'il faut et veut faire.

​Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Il affirme courageusement un espoir pour la France. Il dit qu'il faut le croire, que c'est la vérité. Il l'affirme par connaissance, par expérience. "Croyez-moi" il interpelle-> Besoin d'attention.

​ Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. La France comme elle est peut toujours gagner contre ce combat.

​Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! -Répétition anaphorique -> Il insiste sur le fait que le France ne se bat pas seule face à l'alliance ennemi.

​Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Répétition du mot "Empire"->Il veut dire par la que la France n'est pas seule encore une fois, elle est alliée à présent avec l'Angleterre et celle-ci possède une puissance navale écrasante qui permettra de lutter.-> Les Anglais dominent les mers ce qui est tout à fait un point stratégique face à l'ennemi allemand puisque ils leur bloquent l'arrivée des ressources.

​Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis. Hyperbole du mot "immense" par rapport à l'industrie des Etats-Unis, il affirme en effet que cette grande puissante est dernière eux, elle est bien là pour les soutenir, pour lutter contre leur même ennemi.

Cette guerre n'est pas limitée au territoire de notre malheureux pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale.Anaphore qui sert ici à insister sur l'instant présent, leurs situation de guerre, adjectif epithète "malheureux pays" -> La France est bien en détresse, elle est descendue si bas. Il montre par ces procédés que la Guerre est mondiale (Alliance: Alliés vs l'Axe). 

​Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Graduation ascendante des actions commises. Il encourage, et donne espoir au peuple. Il dit que ce n'est pas parce que dans le passé ils ont perdu qu'à l'avenir ils perdront aussi. Non,il encourage, donne espoir et dit que cette fois ci il y a bien une chance de gagner ce combat.

Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure.Répétition du mot "force mécanique" : Il dit que la France a été écrasée par les armes massives et technologiques de l'Allemagne (Grand pays industriel) car eux n'en n'ont pas.

Le destin du monde est là.-> Modalisation de certitude: Il parle de destin, d'avenir, d'un futur proche et important.->Par ici, il évoque l'espoir de l'entrée en guerre des Etats-Unis; ainsi les grandes puissances mondiales seront face à l'Allemagne, et pourront continuer, gagner la guerre. Rappel: Les Etats-Unis y sont rentrés le 8 décembre 1941, ici nous sommes en 1940)

​Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. -> Il se présente au peuple Français : " Moi, Général de Gaulle" " avec moi" et demande à ceux présents sur le territoire britannique de le rallier mais aussi aux spécialistes des industries d'armement de venir l'aider afin de lutter contre l'ennemi. On constate une nouvelle fois qu'il a un projet, un but et qu'il y insiste : Anaphore du mot "J'invite les..". On peut voir par ailleurs qu'il a besoin de mobilisation, d'aide dans ce combat.->Ici, De Gaulle appel la population française à venir continuer la guerre avec lui et de le rejoindre à Londres. Par peur de confusion, ici il n'appelle pas à résister en France, cela viendra après... Beaucoup de Français du monde l'ont rejoint. En France, ils prenaient le plus rapidement les bateaux à destination de Londres...

​Quoi qu'il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Dans tout les cas il veut dire indirectement " JAMAIS" la Guerre ne doit s’arrêter. Il y tient "ne doit pas" temps impératif et est sûr de ce qu'il dit avec la répétition du verbe éteindre: modalisation de certitude. "la Flamme" -> Métaphore de l'espoir, de la motivation.

​​Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres. Il annonce que ce ne sera pas son dernier appel, son dernier passage à la radio de Londres. 

​Le lendemain de son premier appel:

​A Seymour Place des Français de Londres font un rassemblement de dernière minute afin de répondre à l'appel de De Gaulle. Le 19 Juin, le général de Gaulle adresse des messages personnels aux principaux hauts commissaires et gouverneurs généraux français dans les territoires d'outre-mer qui leur seront transmis par la voie officielle anglaise. Il leur demande de poursuivre la lutte et leur propose de joindre leurs forces. Dans ce message adressé au Général Noguès il se déclare en effet prêt à se placer sous son autorité dans un tel but. Le gouvernement britannique souhaitant exploiter leurs dernières chances, envoya à Bordeaux, en mission secrète deux membres du Cabinet Lord Iloyd et Alexander.

Par BULME Océane élève de 1 ère L  2016/2017