La chasse aux escargots c'est quasiment une épreuve....

​Les français décrivent les  escargots comme étant des mollusques visqueux et gluants, mais également et paradoxalement comme un plat délicieux. En effet c'est le plat qu'ils commandent le plus souvent au restaurant. Ce mollusque n'ayant pas de pattes, il se déplace en se laissant glisser et en entraînant derrière lui une coulée de bave qui se solidifie et qui brille au soleil. Lors de son mouvement, quelques petites particules (le plus souvent solides) se collent sur son ventre : des cailloux, de la terre, ou même parfois de la boue. Le petit mollusque se déplace sur n'importe quelle surface : sur les murs, sur les feuilles, sur le sol ou sur l'herbe, sur les arbres, sur le toit des maisons.

​Quelques personnes colportent des rumeurs sur les escargots, par exemple, elles avancent que ces gastéropodes voyagent avec  leur maison sur le dos, il ne s’agit en fait que d'une simple coquille. Vous savez, cette même coquille qui se trouve dans votre jardin, sur laquelle vous marchez le matin et la sensation et le bruit étrange que cette action procure. Cette coquille n'est que du calcaire sur lequel, on peint un tourbillon noir pour décorer un peu le logement de ce pauvre escargot. 

Les escargots sont réputés pour être très lents pourtant on passe des heures à marcher longuement dans la forêt et l'on fait des kilomètres et des kilomètres de fossés pour en trouver.  

​​Lorsque l'on cherche ces gastéropodes, souvent sous la pluie, les pieds dans la boue, on porte la plupart du temps, une tenue très sophistiquée. Un bon professionnel de la chasse aux escargots se doit de porter le bon uniforme, celui-ci comporte de nombreux avantages : il est vert foncé ( couleur qui, tout le monde le sait, se porte très bien), il est entièrement imperméable( en effet, quand on est chez soi au chaud et que l'on enlève cette tenue, nos cheveux, nos chaussettes et tous nos vêtements sont entièrement mouillés). Quant au temps estimé et visiblement nécessaire pour enfiler cette tenue de combat, il est, parait-il, tout à fait raisonnable : comptez à peu près 1 heure pour endosser l'uniforme, sans les bottes, ni le couvre-chef. C'est avec un anorak sur les épaules, un semblant de caoutchouc sur la tête et des bottes de la même matière se collant et s'enfonçant dans la boue et qui vous  éclaboussent au visage,( c'est cette même boue qui ne vous rendra jamais votre chaussure) laissant, qui-plus-est, de grosses empreintes incrustées dans le sol, que la chasse peut commencer !

​Les secondes, les minutes, et les heures passent et toujours pas d'escargots. Quand soudain, sous une feuille cachée par d'autres feuilles qui s'accumulaient sous un arbre, se trouve un escargot ! A ce moment-là, on est heureux, on reprend espoir, on se dit qu'il ne manque plus qu'une soixantaine d'escargots à dénicher pour faire un excellent repas avec toute sa famille ! Seulement voilà, cette gaieté soudaine disparaît au moment où l'on regarde attentivement notre découverte et que l' on se rend compte que, en fait ce que l'on a trouvé, ce n'est qu'une simple coquille et que le mollusque a déserté. 

​​A la fin de l'après-midi, le seau que l'on a apporté est rempli de deux escargots. Nous décidons alors de rebrousser chemin pour rentrer chez nous, car il pleut des seaux d'eau. On rentre dans notre voiture, on enlève nos bottes et l'on vide à l’extérieur toute l'eau qui se trouvait à l’intérieur et l'on enfile ses baskets . Ensuite on réfléchit, et on se dit que deux escargots : ça ne suffira jamais à nourrir toute notre petite tribu. On démarre la voiture et on commence à rentrer chez soi. On tourne à droite, puis on continue tout droit, puis à gauche et au rond-point​, alors que l'on fait pivoter légèrement sa tête à gauche puis à droite pour voir si l'on peut s'engager, on aperçoit soudain un panneau publicitaire avec une promotion sur les escargots congelés et en plus, le supermarché se situe à quelques kilomètres. On décide alors d'y aller, on se gare sur la place la plus proche de l'entrée car il pleut toujours beaucoup. On rentre dans le magasin avec notre tenue et nos belles baskets ​ Adidas. On essaye de ne pas trop s'éterniser car le magasin dans lequel on est se trouve juste à coté du bureau dans lequel on travaille, et on ne veut pas croiser des collègues. On se dirige au pas de course vers le rayon surgelé, et on attrape deux paquets remplis d'escargots, et là on se dit que ceux-là, au moins, ne pourront pas s'enfuir. On va ensuite payer notre achat, la caissière regarde notre tenue de bas en haut et de haut en bas avec un petit sourire  moqueur​.

On sort du magasin et on rentre à la maison. Au moment de sortir de la voiture, on se rend compte que les escargots ont décongelé sur la banquette arrière. On les attrape et avec un geste soudain de bonté, on décide alors de libérer les deux pauvres escargots sauvages. On entre enfin à la maison, ça y est.

​Après s'être un peu réchauffé, on décide de les cuisiner, on a juste à les faire réchauffer car  tout est prêt, et on se met enfin à table.  En mangeant, on réfléchit et on se dit qu'on a bien fait d’acheter des escargots congelés car ça nous a au moins permis d'éviter un tas d'étapes de préparation. Car pour cuisiner des escargots sauvages,  il faut les laisser dégorger des heures durant, les rincer au moins cinq fois puis les laisser s'égoutter dans une passoire afin d'enlever toutes les impuretés, pour ensuite les mettre sur le feu. On a aussi évité les trois jours de repas improvisés. Après ces six repas congelés, on aurait levé le couvercle de notre préparation,  on aurait aperçu une quantité phénoménale de bulles transparentes car toute la bave des mollusques serait remontée à la surface. On aurait préparé à coté une petite sauce au beurre et à l'ail en guise d'accompagnement. On aurait péniblement rempli les escargots de sauce, en vain, alors qu'ils cuisaient encore​.

​L'odeur du repas nous fait sortir de nos rêveries. On prend les petits pics qui nous permettent d'extirper les mollusques de leur coquille. Quand on les fait sortir, un énorme filet de bave les suit et l'ensemble se termine par cette extrémité noirâtre et merdâtre. Le repas se déroule très bien, mais les enfants n'ont pas mangé les mollusques qu'ils trouvaient trop rebutants en raison de leur aspect visqueux et ont été écœurés à la vue de leur bave, entre autre. L'un d'eux a passé toute la soirée à vomir et on l'a veillé toute la nuit.

​​Le lendemain matin, on sort pour aller jardiner, on fait quelques pas en direction du potager mais soudain, on écrase quelque chose, un frisson nous parcourt, il est suivi d'une sensation étrange qui nous est très familière, on regarde sous la semelle de notre chaussure et on aperçoit des morceaux de coquille éparpillés, ainsi qu'un liquide verdoyant et gluant.

​Comme quoi, cela ne sert à rien de se lancer à la chasse aux escargots, il faut juste chercher à ne pas en chercher car les escargots nous tombent dessus, ou plutôt dessous, dans les moments où l'on s'y attend le moins...

escargots 

​Lucya, Littérature et société.