D'un songe innocent à une réalité cruelle.

                                                                      (Oeuvre fictive)

  

       Devant moi, il y avait une ruelle sombre, il faisait nuit noire et la seule source de clarté était la lumière de la lune. Je me demandais pourquoi j'étais là, mais peu m' importait : j'étais déterminé à avancer. A quelques pas, plus loin, se trouvait un petit portillon, une grange et une très grande maison. Pour me mener jusqu'à la maison, il y avait devant moi un long et étroit chemin blanc de gravier. Je pris alors ce chemin, et marchai,  mais au fur et à mesure que​ j'avançais vers elle, les détails se troublèrent. J'étais peu à peu pris d'angoisse...
Lorsque j'arrivai face à la maison, je posai ma main sur la poignée de porte, et tirai. A ma grande surprise, la porte n'était pas fermée, elle s'entrouvrit...C'était louche et j'avais peur, mais faire marche arrière ne m'aurait avancé à rien, puisque je me serai sûrement perdu dans la nuit. 
Pensant trouver refuge, je pris la décision d'entrer à l'intérieur... La lumière semblait être allumée, mais il n'y avait personne à cet endroit... Mes paupières étaient lourdes, mes yeux se fermaient malgré moi, je luttai, mais ma vision se troublait de plus en plus... J'avais à présent comme du mal à distinguer les détails de la maison. J'espérais trouver une quelconque présence, alors je continuai de m'aventurer dans la pièce. 
Je fis un soubresaut ! Un frisson me traversa le corps... Je me retournai et vis une ombre, je la regardais alors, quant elle s'arrêta net. En m'approchant je vis que c'était un petit garçon, j'étais surpris car il ne semblait pas être effrayé de ma présence. Malgré le fait que je percevais mal son visage, je trouvais quelque chose en lui qui me semblait familier... est ce que je le connaissais ou était-ce une simple impression? Il me regardait fixement et j'en fis donc de même... C'était un petit garçon brun, avec un regard comme chaleureux. Quand il me scrutait ainsi, des souvenirs se ravivèrent en moi. Après un court instant, j'étais sûr de savoir de qui il s'agissait, c'était mon ancien ami d'enfance ! Mais que faisait-il là ? 
A cet instant, ma vision se troubla, je luttai, mais mes yeux se fermèrent, petit à petit. Je sentis mon corps tomber et je ne pouvais plus le retenir...
     Lorsque je rouvris les yeux, il faisait jour, j'avais des maux de tête atroces, je ne comprenais pas où j'étais, mais il y avait beaucoup de bruits, ces bruits bourdonnaient à l'intérieur de mon crâne. Je n'avais plus la force de bouger mes membres, j'étais comme attaché contre le sol. J'ouvris les yeux pour observer autour de moi. Tout était dévasté...
Tout à coup, je vis un homme tomber sous mes yeux, mort...! Un souvenir me revint à l'esprit, et je me rappelai de l'endroit où j'étais. Le champ de bataille... Au fur et à mesure que je reprenais conscience, les tirs s'accéléraient, puis les bruits s'intensifièrent, tout cela était atroce ! Je me levai en sursaut puis baissai les yeux en direction de l'homme à terre, en me disant que j'aurais pu être​​ à sa place... Mais je comptai me battre pour ne pas finir de la même façon.        
   
Je tournai la tête et sur la droite, vis un homme qui me regardait fixement, il était grand et brun, et dans son re​gard j'avais l'impression qu'il voulait me venir en aide. Il m'intriguait car son regard me suivait... Au bout d'un moment, je finis par ne plus m'en préoccuper, mais au fond de moi je me demandais pourquoi il me regardait aussi intensément, je voulais aussi savoir qui il était. Une chose encore m'intriguait, de par sa manière de me regarder on aurait dit qu'il me connaissait...Les jours suivants,  je ne le revis plus, je n'avais aucune idée de l'endroit où il se trouvait.
     Quelques jours après je reçus une permission m'autorisant à rentrer à mon domicile pour 15 jours. J' étais alors parti pour rentrer, et le trajet était long. Une fois arrivé chez moi, j'allais manger, puis me coucher. Pendant ces quinze jours je ne sortis pas une seule fois de chez moi, j'avais pu me reposer un minimum malgré le fait que la guerre, et l'homme au regard étrange, hantaient mes pensées. Je sortis de chez moi, et m’apprêtais à partir car c'était le dernier jour de ma permission..
    En marchant, j'aperçus une grande grange qui m'intriguait vraiment... Je m'approchai pour vérifier mes doutes, la porte était entrouverte. J'entrai alors à l'intérieur et quand je regardai autour de moi il me semblait reconnaître les lieux, presque parfaitement. Je me rappelais de la maison de mon songe, c'était elle, sans aucun doute. Puis me revint un souvenir du songe où je revis l'enfant. Il ressemblait à quelqu'un mais je ne savais pas qui... je me rappelais bien de son regard. D'un coup j'eus un choc, mon cœur battait plus fort, je savais qui était cet enfant! C'était l'homme au regard étrange, celui du champ de bataille, ils avaient le même regard... Je le connaissais lui, et grâce à lui je reconnaissais l'homme de la guerre, c'était bien les mêmes personnes... Tout me semblait à présent logique, malgré la taille et l'âge tous d'eux étaient un seul et même individu : c'était Georges Guillot, un ami d'enfance. 
Le lendemain, j'étais de nouveau sur le champ de bataille. Dès le deuxième jour j'étais déjà épuisé, j'avais beaucoup de mal à combattre. On était en décembre lorsque je revis Georges, juste à côté de moi, mais malheureusement ce n'était pas dans de bonnes conditions...C'était trop tard, il était mort presque sous mes yeux lorsque j'arrivai à sa hauteur, il était déjà à terre, et ne respirait plus, son cœur avait cessé de battre...
    Peu de temps après,  je voulus me venger pour tous ces hommes morts, inutilement, mais je savais que c'était juste un rêve... La guerre n'était sûrement pas prête de finir, cela faisait déjà un peu plus de deux ans que l'on combattait. Georges était mort il y avait plus d'un mois, et moi je n'arrivais plus à suivre, je ne voulais pourtant pas finir comme lui, mais je ne suivais plus, ne dormais plus, j'étais saoulé par ces bruits intenses, j'avais mal à presque chaque membre et je voyais des centaines d'hommes mourir devant moi, jour après jour... Je me sentais comme une machine usée que rien ne pouvait réparer, je ne voulais plus de cette guerre.
Tout ​à coup, je ressentis un choc, puis plus rie​n.
 
Samuel N.